L’ennui est complexe. Il peut se manifester de différentes manières en classe et créer un sentiment de mal-être ou être facteur de créativité. Il convient d’y remédier dès que celui-ci nuit aux apprentissages et au bien-être de l’enfant.
Pour cela, il est nécessaire d’identifier précisément la ou les causes de son ennui et mettre en place des solutions adaptées. Dans cet article, je vous expose plusieurs idées tirées de mon expérience professionnelle et de lectures d’études sur cette problématique. Comme toujours, vos idées sont les bienvenues pour étoffer le contenu.
Identifier précisément ce qu’il ressent
- Que veut dire l’enfant quand il exprime son ennui ? Est-ce trop facile en classe ? Est-ce un enfant à haut potentiel ? Est-ce un manque de confiance en lui ? Est-ce la traduction d’une angoisse de la séparation ? Est-ce que cela révèle plutôt un problème avec son enseignant ? A-t-il peur de certains enfants ? Est-il victime d’harcèlement ?
- Vous pouvez donc lui poser quelques questions (« A quels moments cela se produit ? Qu’est-ce qui provoque cette situation à ton avis ? As-tu des solutions à proposer ? ») pour l’inviter à développer ce qu’il ressent réellement et l’aider à poser des mots sur des situations précises. Même s’il ne faut bien sûr pas s’affoler dès la première remarque négative d’un enfant sur l’école, il convient de ne pas ignorer ou négliger ses émotions. Selon ce qu’il exprime, il peut être bien de prendre rendez-vous avec son enseignant pour trouver des solutions appropriées.
Encourager son envie d’apprendre
- Si votre enfant estime ne pas apprendre suffisamment en classe, incitez-le à apprendre par lui-même afin de lui permettre de découvrir de nouvelles choses et ne pas perdre ainsi sa curiosité et sa soif d’apprendre.
- Selon vos moyens, il existe de nombreuses sources de stimulations : la visite de musées, les voyages, la lecture, l’écriture, la musique, le théâtre, le cinéma, des émissions télés éducatives, internet, la cuisine, le jardinage, le bricolage, etc.
- La transmission de la curiosité passe également par le comportement des parents. Face à un dilemme, il faut exprimer à son enfant : « Je ne sais pas non plus mais on va chercher ensemble. » Vous pouvez aussi instaurer un rituel quotidien d’énigmes et de devinettes ou une découverte du jour.
Donner du sens aux apprentissages
- Continuer de valoriser et d’encourager. On peut avoir tendance à s’habituer aux bons résultats de son enfant et en oublier de l’encourager et de le féliciter régulièrement pour ses efforts. Pour un enfant avec des difficultés, on peut se concentrer sur ses progrès et l’interroger sur ce qu’il a appris de ses erreurs pour dédramatiser le stress et la peur de l’échec.
- Créer des liens entre l’école et la vie extérieure lors de situations quotidiennes comme une promenade en forêt (cycle des saisons, chaîne alimentaire, développement durable) ou pendant des courses au supermarché (numération et calculs), etc.
- Demander à vos enfants « Quel a été le meilleur moment de ta journée à l’école ? » ou de raconter ses « 3 kifs » de la journée plutôt que « Ta journée s’est bien passée ? » qui donne la possibilité d’une réponse courte et fermée.
L’ennui est utile
Très tôt, les enfants se retrouvent fortement sollicités et connectés entre les activités sportives et culturelles, les jeux vidéos, la télévision, les téléphones portables, les réseaux sociaux (utilisés de plus en plus jeune). Ainsi, les enfants ne savent plus comment réagir quand ils n’ont rien à faire et se sentent désarçonnés. Mais l’ennui ne doit pas être combattu à tout prix. Au contraire, il peut laisser la place à un moment de rêverie et de création. L’ennui encourage la réflexion et l’envie de démarrer un nouveau projet.
Que lui proposer concrètement en classe ?
- La première chose à faire est de discuter avec son enseignant pour identifier la ou les raisons de cet ennui et y remédier plus efficacement. Faites attention à la manière dont vous allez parler de ce sujet, exprimez le ressenti de votre enfant sans faire de reproche à son professeur. Cela évitera qu’il se braque. Ainsi, il ne verra pas votre remarque comme une attaque personnelle mais comme un besoin d’aide pour votre enfant. Si l’enseignant ne semble ne pas avoir de véritables solutions, vous pouvez amener vos propositions sous forme de questions, ce qui lui paraitra moins comme une intrusion dans sa manière de gérer la classe.
- Ainsi, s’il termine rapidement son travail, voici plusieurs activités que je proposais à mes élèves selon le niveau:
- un cahier d’écrivain pour créer ses propres histoires (avec images, début d’histoires, contraintes), un cahier de dessin, s’isoler en coin bibliothèque avec le livre de son choix
- faire des exposés sur le thème de leur choix
- des cahiers d’autonomie avec des activités ludiques (mots croisés, pixel art, sudoku, pyramides additives, coloriages magiques, révisions en graphisme, anti-coloriages, le compte est bon, tracés géométriques, opérations cachées, nombres puzzle, des petits jeux d’anglais, etc)
- des jeux de construction, des jeux de manipulation en français et mathématiques
- un plan de travail sur la semaine réinvestissant des notions grammaticales, orthographiques ou mathématiques étudiées en classe les semaines précédentes
- Si l’enseignant ne semble pas réceptif à votre demande, vous pouvez lui proposer de créer une histoire avec certaines phrases d’un exercice ou d’une leçon, lui préparer vous-même un cahier d’écriture, acheter des livres à apporter en classe, un cahier d’arts ou de dessin, etc.
- Proposez lui de participer davantage à l’oral, poser des questions pour aller plus loin dans le cours.
- Invitez-le à aider les élèves en difficulté si son professeur est d’accord. Cela peut lui donner l’envie d’être plus attentif pour être capable de bien expliquer à ses camarades.
Utiliser la méthode Kaisen
Instaurer un contrat avec votre enfant avec la méthode Kaisen (la méthode « des petits pas ») peut donner à votre enfant une direction à ses efforts :
- Définir des objectifs précis et atteignables comme inventer une histoire à partir de 5 mots imposés, faire 5 dictées de suite avec moins de deux erreurs, créer une carte mentale d’une leçon, préparer un exposé sur le thème de son choix en moins de deux semaines, maintenir son espace de travail, sa trousse, son cartable rangés, etc.
- Changer et faire évoluer les objectifs régulièrement afin de conserver la motivation.
- Rédiger tout cela dans un carnet ou sur une simple feuille.
S’il atteint ses objectifs, votre enfant pourrait obtenir de nouvelles responsabilités dans la maison, avoir accès à un jeu, proposer une sortie/ un projet pour la famille. N’hésitez pas à transmettre vos idées dans les commentaires 😉