La dysorthographie est le trouble d’apprentissage de l’acquisition de l’orthographe. Ce trouble est très souvent associé à la dyslexie car il s’inscrit dans la continuité des troubles de l’apprentissage de la lecture. En effet, la lecture et la transcription sont liées et dépendent des mêmes compétences. Ainsi, les enfants, qui éprouvent de fortes difficultés à apprendre à lire, auront sûrement les mêmes difficultés pour les conversions des sons en lettres.

1) Les signes d’une potentielle dysorthographie
L’enfant dysorthographique peut parfois sembler écrire dans une autre langue avec des codes différents et ses difficultés peuvent se traduire de différentes manières dans ses productions écrites :
- erreurs auditives : erreur dans la transposition des sons en lettres (confusions entre les consonnes « sourdes » et « sonores » comme t/d, k/g, p/b, f/v) ou dans l’articulation (p/t, f/s)
- erreurs visuelles : confusions de lettres visuellement proches (p/b, p/q, b/d, u/n, f/t, m/n, q/g)
- la segmentation des mots : comme « un noiseau » ou « un gare son »
- erreurs séquentielles : retranscription des lettres dans le mauvais ordre (ex : par => pra) ou oubli de lettres (ex : arbre => abre ou arbe)
- erreurs sur l’orthographe lexicale des mots
- erreurs sur les homophones : tous ces mots qui se prononcent de la même façon mais qui ne s’écrivent pas pareil comme c’est/ s’est/ ces/ ses/ sait
- l’application des règles grammaticales :
Son orthographe ne s’automatise pas. Elle mobilise beaucoup son attention et est donc très coûteuse en énergie cognitive.
Il est important de comprendre qu’un enfant dysorthographique est généralement en souffrance avec un sentiment d’impuissance face à ces difficultés. Il convient donc de prévenir son enseignant pour éviter que ses erreurs soient mal interprétées. Encore une fois, j’encourage un partenariat totale entre parents/enseignants/ enfant/ orthophoniste (ou tout autre acteur éducatif).
2) Rééduquer l’orthographe lexicale
L’apprentissage de l’orthographe d’un mot nécessite plusieurs étapes pour lesquelles il faut accompagner l’enfant :
- Découvrir le mot avec l’enfant : le lire pour qu’il entende la juste prononciation et vérifier qu’il en connait le sens et peut l’utiliser dans différents contextes à l’oral. Indiquer la nature du mot : un nom, un verbe, un adjectif ou un mot invariable.
- Le guider dans l’observation du mot :
- Faire observer le nombre de lettres, les lettres particulières, les doubles consonnes, les lettres muettes et s’interroger sur les raisons (ex : Il y a un « t » à la fin du mot « saut » car on peut dire « sauter ».)
- Réfléchir sur la construction du mot en cherchant des dérivés, des mots de la même famille (ex : saut/ sautiller ; inégal/ également ; …)
- En fonction de la nature du mot : changer le nombre et le genre si possible, conjuguer à plusieurs personnes dans un temps donné, etc.
- Faire épeler le mot phonétiquement syllabe par syllabe, puis lettre par lettre avec le support, puis en fermant les yeux. On peut l’interroger en lui demandant le nombre de lettres du mot, dire la première ou la dernière lettre.
- Passer à la transcription : On peut commencer par de la copie, en faisant épeler lettre par lettre si nécessaire et recopier le mot 5 fois. Sinon, demander directement une reproduction du mot sans le modèle.
- Vérification : Contrôler la mémorisation de l’orthographe du mot avec des phrases à trous, une phrase dictée ou en demandant à l’enfant de produire une phrase spontanée avec ce mot.
3) Les stratégies de relecture pour les enfants dysorthographiques
La relecture est quelque chose de difficile chez tous les enfants et encore plus pour un enfant dysorthographique. Il doit être aidé dans sa relecture car il ne sait pas toujours quoi corriger. Il peut relire une phrase remplie d’erreurs et la trouver juste. Il faut donc le guider et cibler les éléments à corriger. On peut faire plusieurs relectures avec une vérification différente à accorder à chaque fois :
- Commencer par vérifier que les mots sont phonologiquement exacts (confusions de sons) ;
- Pour l’orthographe lexical, pointer l’attention sur les mots qui ont déjà été étudiés par l’enfant (mots invariables, lettres muettes, etc.) ;
- Procéder une dernière relecture consacrée à l’orthographe grammaticale (règles d’accord).
Il faudra plusieurs séances de relecture et un accompagnement long pour que l’enfant commence à automatiser ces stratégies de relecture.
4) L’intérêt des aides technologiques
Aujourd’hui de nombreux outils technologiques permettent d’assister les élèves ayant des troubles DYS pour les aider à lire et écrire :
- Le simple traitement de texte permet de saisir un texte, changer les mots ou leur place dans le texte. Le grand avantage est que le rendu est toujours lisible, sans rature et l’enfant peut se corriger plus facilement car il arrive parfaitement à se relire et peut comparer les mots avec l’écriture des livres. L’enfant peut également prend du plaisir à soigner la mise en page avec une satisfaction accordé au rendu final.
- Les correcteurs d’orthographe intégrés au traitement de texte (comme dans Word ou Open Office) sont également une aide précieuse mais son efficacité n’est pas optimale, notamment pour une dysorthographie importante. Ainsi, il existe des logiciels de correction plus perfectionnés et payants comme Antidote qui décèle un grand nombre d’erreur grammaticales ou de ponctuation et offre une aide à la rédaction.
- La dictée vocale : La parole énoncée par l’enfant est enregistrée et retranscrit immédiatement. Les logiciels les plus reconnus sont Logolexie, Dragon Naturally Speaking et Speak Q.
- Les livres numériques : La lecture et l’écriture ont un lien étroit. Mais la dysorthographie étant souvent associée à une dyslexie, ces enfants ne tirent pas profit des bénéfices de la lecture. Or, cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas d’intérêt pour la lecture. Ainsi, il existe des alternatives avec les livres numérisés que l’enfant peut se faire lire par un enregistreur vocal tout en ayant le texte sous les yeux.
5) Des mesures pour faciliter la réussite en classe
Il est important d’instaurer une communication régulière avec l’enseignant pour l’avertir des difficultés de votre enfant et des facteurs facilitants à mettre en place.
En classe, quelques mesures peuvent être mise en place pour aider l’enfant dans ses difficultés :
- utiliser un dictionnaire à entrée phonétique (ex : Eureka)
- aider à cibler la correction à apporter avec une grille de relecture
- se servir d’un ordinateur pour la production de textes et utiliser des outils d’aides à la rédaction
- favoriser des dictées à trous
- permettre à l’élève de répondre oralement certaines réponses dans un questionnaire
- limiter la quantité d’une leçon à recopier
- autoriser des temps de pause après un travail d’écriture long
- limiter les sources de distractions (ex : pas de stylo/crayons avec une originalité, laisser uniquement la matériel nécessaire sur la table, etc.)
Pour la mise en place de ces mesures, il convient de fixer ces aménagements dans un cadre spécifique. Il est possible de formuler une demande auprès de la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées) pour bénéficier d’un PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation) qui permet d’adapter l’emploi du temps et le programme scolaire. Mais il également possible que cela reste interne à l’école avec la mise en place d’un PAP (Projet d’Accompagnement Personnalisé) permettant d’aménager des mesures dans la classe et l’école pour faciliter sa réussite.