De plus en plus d’études scientifiques et de médecins alertent sur le danger des écrans pour nos enfants. Il est maintenant prouvé qu’une trop forte exposition aux écrans a des répercussions sur le cerveau. Ainsi cela peut provoquer un retard du langage, des troubles de la concentration, de l’hyperactivité ou une diminution de la motricité. Il ne s’agit pas de créer une panique face au monde numérique mais de prendre conscience de l’impact des écrans sur la vie d’un enfant.
Des chercheurs américains ont analysé les données de la National survey of children’s health sur plus de 40000 familles avec des enfants âgés de 2 à 16 ans en 2016. Leur étude conclut qu’il suffit d’une heure d’écran par jour pour que les enfants deviennent moins curieux et éprouvent moins l’envie d’apprendre de nouvelles choses ou se contrôlent moins bien face à un exercice avec une légère difficulté. Cela aurait également un impact sur leur caractère, les enfants auraient tendance à s’énerver plus rapidement et souffrir davantage d’anxiété et de dépression. Les enfants de 2 à 5 ans qui regardent les écrans plus de 10 heures par semaine auraient deux fois plus de risques de ne pas réussir à se calmer face à une demande de l’adulte lors d’une situation stressante ou excitante.




Chaque année, j’interrogeais mes élèves sur le temps passé sur les différentes écrans (télévision, smartphone, tablettes, consoles de jeu). J’étais affolé de constater le nombre d’enfants avec une télévision dans leur chambre dès la classe de CP et la quantité d’heures passée à jouer aux jeux vidéos tel que Fortnite. Au fil des années, le constat des enseignants est unanime : le niveau de curiosité et la soif d’apprendre des enfants est en chute libre. La faute des professeurs ? Je ne suis forcément pas très objectif, mais je ne le crois pas. Il n’y a jamais eu autant d’enseignants avec la volonté de proposer des activités ludiques en prenant en compte la diversité des supports et les modes d’apprentissage. Pourtant, la tenue des classes se compliquent d’année en année.
La faute aux écrans ? Pas seulement bien sûr mais je suis intimement persuadé que c’est l’un des principaux facteurs aggravant.
La campagne 3-6-9-12 en Belgique propose ainsi des repères pour aider les parents à mieux appréhender les règles à instaurer à la maison :
- Pas d’écran avant 3 ans ! En effet, l’enfant doit d’abord développer ses repères spatiaux et temporels à travers les différentes interactions avec le monde extérieur et les histoires qu’on lui raconte.
- Pas de console de jeu avant 6 ans. Et il est vivement conseiller de favoriser des jeux où l’on joue à plusieurs (à ne pas confondre avec les jeux en ligne par écran interposé).
- Ne pas offrir de tablette personnelle à votre enfant : jouer seul peut vite devenir une addiction dès le plus jeune âge.
- Pas d’internet seul avant 9 ans : Si vous créer un compte sur l’ordinateur pour votre enfant, instaurez le contrôle parental et expliquez-lui le droit à l’image et le droit à l’intimité. Je vous conseille d’ailleurs la vidéo de la série « Un jour, une question » sur ce thème.
- Pas de réseau social avant 12 ans : Que d’élèves déjà sur les réseaux sociaux dès l’âge de 9/10 ans. Ils rentrent de l’école et se retrouvent sur Snapchat, Whatsapp, Tik Tok,… Avec des classes de CM1 et CM2, j’ai ainsi vu des élèves déjà obnubilés par leur apparence, se dévaloriser et se comparer aux physiques de personnes plus âgées, des élèves se faire harceler par un groupe sur Facebook, un autre groupe d’enfants se donner rendez-vous en pleine nuit dans un parc, deux élèves s’envoyer des photos dénudés,… En tant qu’enseignant, cela est à la fois assez effrayant et il y a forcément un impact sur leur apprentissage et notre impact est limité quand le contrôle des parents n’est pas suffisant.
- Après 12 ans, instaurez des horaires à respecter, discutez avec lui du téléchargement, des plagiats, de la pornographie, du harcèlement. L’obliger à ranger son téléphone dans une boîte fermée à clé à partir d’une certaine heure pour éviter les connexions nocturnes au détriment de sa scolarité et de sa santé.
A tout cela viennent s’ajouter d’autres recommandations primordiales :
- Eviter la télévision et l’ordinateur dans la chambre
- Etablir des règles claires sur le temps d’écrans et s’y fixer
- Paramétrer la console de jeu, qui doit être dans le salon
- Rappeler régulièrement les règles de bases sur l’utilisation d’Internet : tout ce qu’on y met appartient au domaine public et y restera éternellement, ce que l’on écrit peut être utilisé contre nous (insultes, photographies détournées,…), tout ce que l’on y trouve doit être soumis à un esprit critique : certaines informations peuvent être fausses ; nécessité de multiplier et croiser les sources.
A travers cet article, je ne souhaite pas créer une psychose face à l’utilisation des écrans qui est également un outil formidable dans les apprentissages. Par ailleurs, je ne juge en aucune façon les parents qui laissent leurs enfants devant les écrans face à la fatigue de semaines surchargées. Cela est parfois l’occasion d’avoir quelques minutes de répits après une longue journée mais il me semble important de prendre conscience des répercussions avérées et de réfléchir à des modes d’action pour limiter l’utilisation des écrans.
Merci pour ce rappel des règles de bases de la bonne utilisation des écrans! Il est bon de se souvenir que les ordinateurs, téléphones ou tablettes ne sont pas des nounous pour nos enfants!
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