Combattre l’échec scolaire

L’échec scolaire reste un important facteur d’exclusion sociale ; chaque parent et enseignant souhaite donc le combattre. Aujourd’hui, face à la grande disparité de niveau des élèves dans une même classe, beaucoup d’enseignants sont démunis.

Mais il est intéressant de constater que ce processus de marginalisation des enfants en échec se met très tôt en place. Un enfant sur quatre prend très rarement la parole en classe de maternelle ; c’est pourtant dès cet âge-là que beaucoup de choses se jouent. Mais comment demander à un enseignant de garantir l’expression de chacun quand on est seul face à un groupe de 30 enfants ?

Cependant même si votre enfant a pris du retard dès la maternelle ou son année de CP, il ne faut jamais cesser de croire aux développements des capacités intellectuelles de celui-ci. On sait aujourd’hui qu’il existe de nombreuses formes d’intelligence qui ne trouvent pas vraiment de résonance à l’école. Ainsi des enfants en grande difficulté à l’école peuvent voir leur niveau augmenter significativement sous l’action d’un travail pédagogique adéquat.

Tous les enfants peuvent réussir !

Comment remotiver, redonner le goût d’apprendre à des enfants en échec scolaire ? Ce n’est pas une tâche facile et cela demandera du temps et de la patience, mais il existe des solutions. A travers mon expérience en tant que professeur des écoles ainsi que de nombreuses lectures d’articles et livres sur le sujet de l’échec scolaire, je vous propose quelques étapes pour tenter d’y faire face :

1) Premièrement, inverser le regard. Il faut faire comprendre que l’erreur est normale et n’est pas grave, qu’elle fait partie intégrante de l’apprentissage. Quand un enfant apprend, il est normal de se tromper et se tromper fréquemment ne signifie pas que l’on peut soi-même être considéré comme une « erreur ». Il faut le dire et le redire à vos enfants. « Valoriser ce qui n’est pas entièrement fini, conforme, maîtrisé est toujours une mise en danger » pour le parent ou l’enseignant, mais il faut l’oser.

2) Deuxième étape, faire revenir l’élève sur lui-même. La correction d’un travail ou d’un exercice a pour but d’apporter une solution à son erreur. Mais juste corriger l’erreur n’aide que rarement. C’est par l’intermédiaire de l’enseignant ou du parent que l’élève doit se corriger lui-même. Il s’agit donc de lui faire prendre conscience du mécanisme qu’il a utilisé quand il s’est trompé, comment il a buté.

Comment faire? En adoptant une pédagogie de l’essai, c’est-à-dire :

  1. D’abord, lui redire qu’il est normal de se tromper en apprenant et que l’on va l’aider à moins se tromper.
  2. En revenant sur la consigne et le lexique utilisé afin de les clarifier. Si les mots sont inconnus ou mal maîtrisés, l’élève ne peut que se tromper.
  3. Demander à l’enfant de refaire le chemin de son raisonnement pour identifier avec lui ce qui a conduit à son erreur.
  4. Enfin, en lui proposant de procéder à plusieurs essais à travers des exercices multiples et variés; et de s’auto-évaluer pour lui permettre de construire son propre itinéraire de compréhension.

Grâce à un retour sur lui-même, l’élève sait combien il peut apprendre de ses erreurs et son estime personnelle ne sera plus mis en danger.

3) En lien avec les précédentes étapes, restaurer l’estime de soi :

  • Proposer des objectifs précis et à brève échéance (savoir résoudre cinq additions simples pour le prochain cours) plutôt que des objectifs généraux et éloignés dans le temps (réussir le contrôle avant le bulletin).
  • Procéder à des évaluations et surtout des autoévaluations régulières pour leur permettre de réaliser les progrès effectués.
  • Lui faire observer l’échec d’autres enfants et leur réussite finale pour prendre conscience qu’ils peuvent y arriver eux aussi.
  • Situer les progrès de l’enfant par rapport à ses performances antérieures plutôt que par rapport à celles des autres élèves.
  • Et bien sûr, ne plus définir votre enfant par ses manques mais évoquer d’abord les points forts pour ensuite discuter des points faibles à améliorer/renforcer.

Pour finir, si votre enfant possède des troubles spécifiques d’apprentissage ou au contraire est précoce, s’il subit un harcèlement scolaire,… ces solutions n’auront qu’un impact minime. Il convient donc en priorité d’essayer de trouver les causes de cet échec scolaire afin d’y remédier de la meilleure des manières.

2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Rozier dit :

    Bien sûr Yoann, l’important dans la vie, ce n’est pas tant de tout réussir que de ne jamais renoncer et donc d’essayer ! C’est cela la pédagogie de l’essai !

    Enseignant et/ou parent, on confond parfois apprendre et savoir. S’entraîner, ce n’est exceller : c’est tout simplement apprendre.

    Merci Yoann pour tes éclairages qui peuvent soutenir nos pratiques professionnelles et/ou parentales.

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    1. Olivier dit :

      Super maître qui a fait la différence dans la scolarité de ma fille. Bravo pour votre projet!

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