La dyscalculie est un trouble spécifique des apprentissages. C’est un trouble sévère des activités numériques qui entraîne des difficultés à acquérir et maîtriser les compétences numériques : difficultés à comprendre ce qu’est un nombre (le lien entre la quantité et le symbole associé), à traiter les nombres (reconnaissance et écriture des chiffres, passage de l’oral à l’écrit), à calculer (confusion entre les méthodes à appliquer dans de simples opérations), à mémoriser les tables (addition, soustraction, multiplication et division).
Il y a plusieurs types de dyscalculies :
- une dyscalculie numérique : difficultés à lire et/ou écrire les nombres
- une dyscalculie mémorielle : incapacité à acquérir les faits numériques (ex : les tables de multiplication)
- une dyscalculie procédurale : difficultés à réinvestir les procédures et raisonnements mathématiques
La dyscalculie est rarement isolée et est souvent associée à une dyslexie ou une dyspraxie (trouble du geste et l’orientation spatiale). Elle touche environ 6% des enfants (aussi bien les filles que les garçons) et a de fortes répercussions sur la réussite scolaire et l’estime de soi. Il est donc important de le diagnostiquer à temps : Voici quelques signes pouvant vous alerter d’une éventuelle dyscalculie chez votre enfant :

La recherche en neurosciences cognitives a démontré que des jeux mathématiques adaptés peuvent aider les enfants dyscalculiques à améliorer le sens du nombre. Comme tous les troubles DYS, on ne « guérit » pas entièrement de ce trouble mais on peut fortement progresser et faire de brillantes études avec un suivi complet et adapté.
Apprendre à lire et écrire des nombres :
L’accoutumer avec les familles des nombres : La meilleure méthode est d’expliquer à votre enfant que chaque chiffre qui compose un nombre appartient à une « famille ». Il y a la famille des « milliards », des « millions, des « mille », des « cent », etc. Et chaque fois qu’il voit un chiffre dans un nombre, vous pouvez l’inviter à donner sa famille.
Exemple : 345 => « 3 » appartient à la famille de « cent » : on dit « 3 cent » et on lit les deux derniers chiffres normalement « quarante-cinq ».
5241 => « 5 » est de la famille de « mille » : on dit « 5 mille » ; « 2 » est de la famille de « cent », on dit « 2 cent » et on lit les deux derniers chiffres normalement « quarante-et-un ».
Utiliser des codes couleurs : Pour l’aider à fixer cela, je vous encourage à utiliser un code couleur. Ainsi, vous pouvez associer une couleur à chaque famille de nombres.
Exemple :

Se servir d’un tableau de numération à complexifier en fonction du niveau :

Utiliser des supports visuels pour repérer la logique de la suite arithmétique et apprendre à compter et calculer
Aider son enfant dans l’apprentissage de la numération orale : On peut construire un dictionnaire des nombres au fur et à mesure des apprentissages. Inscrire sur la première page tous les nombres ayant un seul chiffre (1 => 9) les uns en-dessous des autres et à côté l’écriture du nombre. Sur la deuxième page, on inscrit les nombres de 11 à 19 et ainsi de suite. On peut également rajouter des colonnes pour les constellations du dé ou le nombre de doigts de 1 à 10.

Utiliser une bande numérique horizontale : Elle permet aux enfants de s’appuyer sur leur connaissance de la suite orale et de trouver l’écriture chiffrée avec le principe de correspondance terme à terme. Privilégier une alternance de couleur entre les cases pour faciliter la progression du comptage. Puis choisir une bande numérique avec une ligne de cases vides en-dessous pour faciliter le comptage. En voici un exemple :

Colorier avec une couleur les changements de dizaines permet de mieux les repérer.
Manipuler régulièrement cette bande numérique va aider les enfants à se construire une « image mentale » de la suite des nombres. Cela leur permettre ensuite de mettre en relation les nombres les uns avec les autres pour les organiser et les structurer.
Se servir d’un tableau des nombres : Le tableau des nombres de 0 à 99 aide à mieux comprendre la logique de l’écriture des nombres en faisant apparaître en ligne ou en colonnes, des « familles » de nombre : les nombres à un seul chiffre, ceux qui se terminent par 0, ceux qui commencent par 3, etc.

Et voici quelques idées d’activités avec ce tableau :
- Remplir les trous : Trouver sur Internet ou refaire un tableau avec quelques trous (10 maximum) à la place de certaines cases. Demander à l’enfant de retrouver les nombres manquants. Puis l’enfant valide lui-même ses réponses avec son tableau des nombres.
- Des coloriages : Donner des consignes pour souligner les « familles » de nombre (ex : Colorier en vert les nombres à 1 chiffre, en rouge les nombres qui se terminent pas 2, en bleu ceux qui comment par 5, etc.).
- Puzzles : Découper le tableau des nombres en dix bandes (colonnes ou lignes) et demander à l’enfant de reconstituer le tableau.
Mettre à disposition tout outil de comptage comme des jetons ou des bâtonnets qui lui permettront de compter et développer ses capacités en structure logique. Ne l’empêchez pas de compter sur ses doigts même s’il a plus de 7/8 ans. Les doigts de la main lui offre un support de « base de 10 » qui n’est pas négligeable.
User de la manipulation et du jeu pour favoriser l’imprégnation
Favoriser la manipulation : Les enfants dyscalculiques ont besoin d’agir sur des objets pour réfléchir. Les explications orales ou des petits schémas ne suffisent pas à leur compréhension. Cela aide à visualiser l’action demandée mais il ne faut pas oublier que le but est de pouvoir s’en passer et réussir à intérioriser les actions numériques. On peut proposer des objets différents, puis identiques (comme des jetons), passer au dessin de petits objets sur feuille blanche qui pourront être découpés et manipulés à leur tour et enfin les remplacer par des lettres et des symboles.
L’importance du jeu : Les jeux permettent de travailler de nombreuses connaissances scolaires. Il y aura forcément des échecs mais l’avantage c’est que les effets du jeu cessent à la fin de la partie et on repart à zéro dès le début d’une nouvelle partie. Prenez donc le temps de jouer avec vos enfants car cela permettra de travailler la communication, l’apprentissage de règles et d’entraîner leur attention et leur mémoire.
Le calvaire de l’apprentissage des tables de multiplication
L’apprentissage des tables de multiplication est un passage toujours difficile pour les élèves d’élémentaire et encore plus pour un enfant avec une dyscalculie. Mais cette apprentissage est indispensable pour la suite de la scolarité : multiplication posée, division, fractions, résolutions de problèmes, etc.
Il existe de nombreuses idées mais l’important est de varier les supports et les modes d’apprentissage pour que votre enfant puisse apprendre le plus efficacement possible sans que cela devienne une « corvée » à la maison.
Voici une liste d’idées pour faire travailler vos enfants de manière plus ludique :
-fabriquer des cocottes de multiplication
-accrocher un affichage des tables sur la porte des toilettes ou de la chambre
-acheter le jeu Multi Potion (environ 12 euros)
-consulter les sites internet : tabledemultiplication.fr ; matoumatheux ; snowclass.com
-acheter le livre « Nultiplications » de Blake Stephanie pour rassurer et réconforter votre enfant sur l’apprentissage des tables
-regarder des comptines pour enfants sur les tables (vidéos YouTube sur la chaîne YourKidTV)
-regarder « La multiplicato » d’Hervé Cristiani qui a créé une chanson différente pour chaque table (disponible également gratuitement sur YouTube)
-faire des coloriages sur les tables de multiplication comme des mandalas ou des coloriages magiques,…
Enfin, il existe la méthode Multimalin https://multimalin.com/fr créée en 2017 et qui a fait ses preuves en aidant beaucoup d’élèves dans l’apprentissage des tables.
Leur méthode est inspirée des techniques mentales de champion de mémorisation et s’appuie sur les cartes et vidéos mentales à travers des histoires amusantes dont les chiffres sont les héros. Cette méthode est déjà utilisée par de nombreux parents dont leur enfant souffre de dyscalculie et par de plus en plus d’orthophonistes.
Je vous présente un exemple de cette méthode avec l’image mentale de 7 x 7 :
« La scène se passe à la piscine sur un plongeoir en forme de 7. Le bonhomme tout courbé en forme de 7 monte sur le plongeoir pour une compétition de plongée. Avant le départ, la caméra fait un gros plan sur son visage et projette son image sur l’écran géant. On peut voir son nez tout bleu en forme de 4 et son masque/tuba en forme de 9. C’est le résultat 49. »

Vous pouvez retrouver cet exemple sur leur site qui propose de recevoir gratuitement 4 vidéos et des fichiers PDF sur les tables de multiplication mais aussi en conjugaison et orthographe. Cela vous permettra de vous faire une idée et de voir avec votre enfant s’il est réceptif car le coût de cette méthode n’est pas négligeable.
Pour conclure, un enfant avec des difficultés en mathématiques n’a pas forcément de trouble de la dyscalculie. Les quelques astuces proposées dans cet article peuvent bien sûr lui servir mais rien ne vaut l’appui d’un orthophoniste ou d’un enseignant spécialisé.